La coproscopie et parasitologie des équidés
( 27 juin 2023 )
Les chevaux sont exposés tout au long de leur vie à plusieurs types de parasites internes. Certains sont présents au pâturage et d’autres à l’écurie. Les larves sont ingérées par les chevaux puis se développent dans leur tube digestif ou d’autres organes selon le parasite. Les adultes se reproduisent et les femelles pondent des œufs qui seront expulsés dans les crottins. Les œufs microscopiques sont mis en évidence par la coproscopie. Quels parasites peut-on voir sur la coproscopie ? Quand faut-il la faire ? Quels sont les principaux parasites et où les trouve-t-on ? Sont-ils tous aussi répandus ? Sont-ils tous aussi dangereux ? Quels sont les signes cliniques ? Cet article vise à répondre à ces questions.
Les petits et grand strongles
Les petits strongles ou cyathostomes se développent dans le gros intestin des équidés. Les chevaux s’infestent en ingérant les larves présentes sur toutes parcelles. Le cycle de développement de ces petits strongles est long, les premiers œufs sont éliminés via les crottins 6 à 14 semaines après l’ingestion des strongles. On peut donc mettre en évidence ce parasite dès l’âge de 2 mois. Les larves sont responsables de diarrhées qui durent plus ou moins longtemps, pouvant être accompagnées de coliques, d’une perte de poids et de fièvre. Ces signes cliniques sont principalement visibles sur les chevaux entre 1 et 4 ans principalement, à la fin de l’hiver et au début du printemps. En cas d’infestation trop importante, les cyathostomes peuvent causer la mort de l’animal. Il est fréquent de voir ce parasite mesurant jusqu’à 2 cm et de couleur rouge, dans les crottins de chevaux après un vermifuge.
Les grands strongles regroupent plusieurs familles de parasites. Strongylus vulgaris est le parasite du tube digestif le plus dangereux pour les chevaux. Après avoir été ingérées, les larves peuvent migrer dans plusieurs organes (artères, foie, pancréas et rein en fonction de l’espèce) avant de retourner pondre des œufs dans l’intestin. Ils causent des diarrhées, un amaigrissement, une anémie, de la fièvre ou des coliques dus à la présence de vers qui empêchent le passage de sang dans les artères du tube digestif. La durée entre l’infestation et la présence d’œufs visibles à la coproscopie est également longue : 6 à 12 mois.
Au vu des cycles de ces strongles : une absence d’œufs de strongles n’indique donc pas une absence d’infestation chez le cheval. La corrélation entre le nombre d’œufs de petits strongles observés à la coproscopie et le nombre de parasites dans le cheval n’est pas excellente. De plus, les œufs de petits et de grands strongles ne sont pas différentiables. La distinction par coproculture est cependant utile notamment pour détecter Strongylus vulgaris des autres strongles. La vermifugation systématique a tout de même permis de réduire la fréquence d’infestation à Strongylus vulgaris.
Les ascaris
Les œufs de Parascaris spp. sont pondus en grande quantité par les femelles. Ils peuvent survivre plusieurs années, même dans des conditions difficiles (comme une longue période de gel). Ils sont présents aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des bâtiments. Une fois ingérées, les larves traversent l’intestin grêle et migrent vers le foie, le cœur et les poumons via les vaisseaux sanguins avant de revenir dans l’intestin grêle. Les adultes peuvent mesurer jusqu’à 50 cm. 10 à 16 semaines après l’ingestion, la femelle pond ses œufs et la période de ponte peut durer 7 semaines. Les œufs de la nouvelle génération parasitaire se retrouvent dans les crottins. La plupart du temps, l’infestation par Parascaris spp. est asymptomatique. La présence du parasite dans les poumons peut toutefois provoquer de la toux, un retard de croissance et favoriser les infections virales ou bactériennes secondaires. Sa présence dans l’intestin grêle entraîne parfois une baisse d’appétit, un poil piqué et éventuellement de légères coliques. Elle touche principalement les poulains jusqu’à l’âge de 18 mois avec un 1er pic d’excrétion fécale autour de 4 ou 5 mois et un second vers l’âge de 8 à 10 mois. Les œufs sont collants et adhèrent aux surfaces comme le poil ou la mamelle. Le diagnostic repose sur la coproscopie ou l’observation d’ascaris adultes ou pré-adultes, visible à l’œil nu dans les crottins. Il n’existe pas de corrélation directe entre le nombre de parasites chez l’animal et le nombre d’œufs observés à la coproscopie. Au vu de la résistance des œufs dans l’environnement, en cas de diagnostic d’ascaridiose, il est conseillé de traiter l’ensemble des équidés sensibles présent sur le site. Chez les poulains susceptibles d’être infestés massivement, il est préférable d’éviter l’usage de lactone macrocyclique, de pyrantel ou de pipérazine afin d’éviter la formation de « pelotes » de vers morts dans l’intestin grêle responsables de coliques.
Les ténias ou Cestodes
La contamination par les cestodes se produit, via l’ingestion d’un acarien infesté, présent dans l’herbe au cours majoritairement de la seconde moitié de la saison de pâturage d’animaux de moins de 2 ans. On distingue 2 cestodes différents. Le premier (Anoplocephala perfoliata) vit dans le caecum et mesure 4 à 8 cm. Le second (Anoplocephala magna) vit dans l’intestin grêle et peut atteindre 80 cm. A. perfocia est le plus dangereux et peut provoquer des coliques. A. magna passe quant à lui souvent inaperçue. L’intermittence de la ponte et l’absence de corrélation directe entre le nombre d’œufs et le nombre de parasites chez le cheval limitent l’intérêt de l’examen coproscopique.
Anguillules ou Strongyloides westeri
Il s’agit d’un nématode dont la larve adulte mesure moins de 1 cm présent dans l’intestin grêle. Ce parasite n’est pas très fréquent. Il parasite principalement les poulains de moins de 6 mois souvent contaminés via le lait de leur mère, porteuse saine. Il semble que les modifications hormonales induites chez la mère lors de la gestation et de la lactation soient à même d’activer ces larves, qui migrent alors dans le tissu mammaire. Après ingestion du parasite par le poulain, les larves traversent la paroi de l’intestin grêle et arrivent dans les poumons, remonte la trachée, avant d’être déglutit pour retourner dans l’intestin grêle. Les œufs sont excrétés rapidement dans les crottins, entre 5/8 jours à quelques semaines après l’infestation. Une contamination transcutanée est possible mais reste rare et peut être à l’origine de dermatite et d’un poil terne. L’ingestion d’herbe contaminée chez des animaux plus âgés est également possible et sans conséquence pour le cheval. Sa présence dans le tube digestif est à l’origine de diarrhées bien qu’il ne s’agisse pas de la cause principale des diarrhées néonatales des poulains. Le diagnostic repose sur l’observation par coproscopie des œufs caractéristiques dans les crottins.
Les oxyures
Leur présence est assez fréquente à l’écurie mais peut également survenir au pâturage. Elle n’est pas considérée comme une affection majeure, même si une infestation massive peut se traduire par de la fatigue et une baisse de performance. La femelle dépose ses œufs pondus en grand nombre dans une substance collante aux marges de l’anus. Cette substance provoque une démangeaison importante et pousse le cheval à se gratter sur tous les supports à sa portée, causant des lésions secondaires au niveau de la queue. Le diagnostic est réalisé en observant les œufs au microscope, à partir d’un prélèvement réalisé à l’aide d’un adhésif appliqué en région périanale.
Les vermifuges
La coproscopie reste le meilleur moyen de détecter la présence de parasites internes chez les équidés bien qu’un résultat négatif n’indique pas forcement une absence de parasite interne. La vermifugation doit être réalisée suite aux résultats coproscopiques de préférence réalisés de manière individuelle. L’apparition de parasites résistants aux vermifuges (particulièrement les petits strongles aux benzimidazoles et les ascaris aux lactones macrocycliques) est à prendre en compte pour cibler uniquement les animaux qui nécessitent un traitement. Vous trouverez sur notre site un article pour mieux comprendre la résistance. La vermifugation doit être accompagnée de mesures d’hygiènes à l’écurie et une gestion raisonnée du pâturage. Il est conseillé de tester l’efficacité du traitement en refaisant une coproscopie au moment du traitement puis 14 jours après, à partir de prélèvements individuels de 5 à 8 animaux mélangés par le laboratoire avant l’analyse de mélange.
ESCCAP (2019) Traitement et prévention des parasitoses gastro-intestinales chez le cheval. Guide de recommandations vol.8, 2ème éditio, 32p.
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Strongylus vulgaris.
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